Education pour la paix


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Mes questionnements

Mes questionnements


«Quel est le vrai but de l’éducation d’un jeune homme ? C’est de le rendre heureux.
Rien n’est si triste que le sort des hommes en général ;
Cependant ils trouvent en eux-m êmes un désir dévorant de devenir heureux
Qui leur fait sentir à tout moment qu’ils étaient nés pour l’être».
Jean Jacques Rousseau
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau

La scolarité est obligatoire en France depuis plus de cent ans et pourtant, que constatons-nous ?
Que le XX siècle a été terriblement meurtrier, avec le triste record de deux guerres mondiales, qui ont engendré des dizaines de millions de morts.

Et pourtant, les jeunes gens savaient lire, écrire, compter ; la morale et l’instruction civique étaient au programme des éducations nationales des pays en conflits, avec bien d’autres matières enseignées.

Dociles, les jeunes hommes se sont retrouvés en masse à partir au front. Ils se sont laissés conditionner à l’effroyable idée de défendre leur patrie à la gloire de la nation, quitte à tuer leur frère né la même année à quelques kilomètres de là, ou à faire le sacrifice de leur propre vie.

Les horreurs des guerres reposent depuis des décennies sur
des divisions entre nationalités, des différences religieuses, raciales et communautaires, l’appropriation ou la défense d’une parcelle de terre, qui globalement en tant que planète Terre, aura toujours la même surface.

L’amour de soi et de l’autre de ces jeunes soldats, leur esprit critique, leur libre arbitre, auraient dû engendrer une prise de conscience individuelle et collective pour faire basculer les évènements dans un registre pacifique. Ce ne fut pas le cas.

L’enseignement traditionnel n’a donc pas permis le développement de l’intelligence humaine. La conscience et l’éthique des hommes sont restées sans effet lors de ces grands massacres de l’humanité…

L’histoire témoigne que l’éducation et la paix ne sont pas nécessairement du même côté, que les deux concepts peuvent être antinomiques.

Des interrogations, des problématiques émergent :
- Quelle place, quelle valeur donne t-on à l’être humain puisque son existence peut se résumer à servir de chair à canon ?
- La violence suprême ne serait-elle pas de conditionner les hommes à tuer leurs semblables ?
- Quel est le sens de défendre au prix de leur vie des frontières créées de toute pièce par les hommes ?
- Comment et où peut-on apprendre à réfléchir, à penser par soi-même, à prendre le risque de s’engager ?
- Y-a-il éducation sans connaissance de soi ?
- Comment peut-on permettre à l’homme de se construire en individu libre et éclairé ?
- Comment peut-on permettre au nouveau-né, à l’enfant, à l’adolescent puis à l’homme, de s’épanouir avec « le minimum » d’obstacles ?
- Comment peut-on développer sa créativité et ses mécanismes de l’intelligence ?
- Comment peut-on sortir des préjugés ?

- Comment se déconditionner (familial, social, éducatif, religion, culture, politique...) pour être soi ?
- Comment apprend t-on ? Comment prendre en compte, l’affectif et l’amour de l’apprenant ?

- Comment intégrer dans le processus d’apprentissage les différences entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes ?
- Comment permettre à l’homme de vivre vieux et mature ?
- Comment s’ouvrir à l’observation, à l’expérimentation. Comment avoir les sens en éveil ?
- Comment devient-on explorateur de soi-même et du monde extérieur ?
- Comment un enseignement collectif magistral peut-il respecter la liberté, le projet et le rythme de chacun ?
- Comment prendre en compte le désir, moteur de vie dans l’épanouissement de l’individu ?
- Comment apprend-t-on à vivre, à s’aimer, à aimer, à être heureux ?...

Ces problématiques débouchent sur des questions existentielles :
- Qui suis-je ?
- Pourquoi sommes-nous sur Terre ?
- Quelle humanité souhaitons-nous et dans quel environnement ?
- Quelle est la place de l’enfant, de l’homme sur notre planète et dans l’univers ?
- Quelles sont les lois de la nature de l’enfant, de l’adolescent, de l’homme sexué ?
- Qu’entend-on par psychologie du développement de l’enfant, psychologie de l’adolescent et de l’adulte des deux sexes ?
- Quelle place donnons-nous à l’amour dans nos vies ?
- Quelles sont les différences entre les hommes et les femmes ?
- Qu’est-ce et comment permettre le développement du potentiel humain ?
- Qu’entend-t-on par évolution de l’homme ? Evolution de l’humanité ?
- Quel chemin suivre pour se comprendre, se changer, se créer un nouvel esprit, aller vers une paix intérieure ?
- Où apprend-t-on à vivre, l’art de vivre, l’art d’aimer… ?
- Quel est le sens, le but de la vie ?


Edgar Morin a écrit :
«Notre aujourd’hui est en quête de sens. Mais le sens n’est pas originaire, il ne vient pas de l’extérieur de nos êtres. Il émerge de la participation, de la fraternisation, de l’amour. Le sens de l’amour et le sens de la poésie, c’est le sens de la qualité suprême de la vie. Amour et poésie, quand ils sont conçus comme fins et moyens du vivre, donnent plénitude de sens au « vivre pour vivre».
Amour Poésie Sagesse, p 11
http://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Morin

Partant du postulat que notre potentiel humain est la richesse suprême, pourquoi sur terre tant de personnes sont sans emploi, sans ressources, sans dignité, sans identité ?

Une grande partie des compétences humaines sont inemployées, ou mal employées, et donc globalement perdues. Le « sens commun » nous porte à penser que l’homme coûte, qu’il est une charge pour la société, alors que si tous les hommes pouvaient mettre au service de tous leurs idées et leurs compétences, et si ces richesses ne rentraient plus en compétition mais en complémentarité, le monde serait autre… et riche de tous. De la conception jusqu’à la mort règnent le pouvoir, la compétition, la peur de l’autre, la peur de soi…

Notre monde est dominé par la puissance militaire, la réussite matérielle, le profit, l’argent, la passion de l’avoir…, au détriment de l’être, l’être au monde, dont on ignore bien souvent le sens.

Erich Fromm pose le dilemme sur le choix que l’humanité fera entre deux modes d’existence l’avoir ou l’être et dont dépend sa suivie. Il a écrit :
«Comme la société où nous vivons est vouée à la propriété et au profit, nous n’apercevons que rarement des indices du mode être d’existence et la plupart des gens considèrent le mode avoir comme le plus naturel, sinon comme la seule façon acceptable de vivre.»
Avoir ou être. Un choix dont dépend l’avenir de l’homme, p. 47
http://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_Fromm

A ce jour encore, la violence verbale ou physique, règne partout et dans tous les milieux, et en premier lieu dans les familles où l’enfant est contraint de se plier aux règles autoritaires voire dictatoriales des adultes. Souvent inconsciemment les parents exercent un pouvoir de domination par reproduction de l’expérience de leur propre enfance et par ignorance de la psychologie du développement de l’enfant.

Alors que tout métier nécessite une formation, celui de parent éducateur, que nous sommes tous avec nos enfants ou petits-enfants, le plus beau et important métier du monde, se pratique encore le plus souvent avec le seul "bon sens". Ce qui engendre des obstacles et génère peurs, culpabilisation, incompréhension, frustration…

Il en découle les symptômes et les pathologies dont nous souffrons tous.
Pour preuve, les prises d’anxiolytiques en tout genre, drogues douces ou dures, ainsi que les suicides qui sont légion dans nos civilisations dites « éduquées » et «développées».

Et pourtant, on ne naît pas suicidaire, on le devient !
Que de souffrances, que de difficultés, que de mal-être au quotidien !
Ne serions-nous pas, tous, redevables d’une thérapie ?

Voilà ce
qu’Alice Miller psychanalyste en dit :
«L’opinion publique est loin d’avoir pris conscience que ce qui arrivait à l’enfant dans les premières années de sa vie se répercutait inévitablement sur l’ensemble de la société, et que la psychose, la drogue et la criminalité étaient des expressions codées des expériences de la petite enfance».
" C’est pour ton bien “ Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, p. 7 & 8

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Miller


Dans son livre, Alice Miller étudie et analyse trois portraits d’enfances massacrées, dont celle d’Adolf Hitler, enfant battu, humilié au quotidien. Son « éducation » paternelle s’est résumée en une autorité dictatoriale basée sur la soumission comme principe de vie. Cette étude pourrait permettre d’appréhender la genèse d’une haine destructrice qui fit des millions de victimes.

A l’orée du XXI siècle, ce constat amer doit nous amener dans l’urgence, à rechercher de nouvelles approches en rupture avec l’éducation traditionnelle tant familiale que scolaire.

Elles pourraient s’appuyer sur une autre vision du monde, de l’être, une philosophie de la vie, une autre éducation comme aide à la vie, à la paix ; prenant en compte la psychologie, la psychanalyse, l’amour et la sexualité, les différences entre l’homme et la femme, et bien entendu les recherches en Sciences Humaines au niveau international…


Il y a plus d’un demi siècle
Maria Montessori a écrit :
« Toute l’humanité forme un seul organisme, mais l’homme continue à vivre dans un univers affectif qui est dépassé. L’humanité d’aujourd’hui constitue un tout unique et indivisible, une seule nation.
Cette nation unique s’est ouverte au monde entier et a rassemblé tous les hommes. Les richesses de la Terre nation appartiennent maintenant à tous les hommes. […].
Le vrai trésor de l’homme, la matière première qui promet de tout apporter à l’homme c’est son intelligence, richesse inépuisable.
Ce qu’il nous faut donc, aujourd’hui, c’est une éducation qui conduise la personne humaine à reconnaître sa propre grandeur. […]
L’éducation est indispensable non pour accélérer le progrès matériel mais pour sauver l’humanité et tous nos efforts doivent être axés sur ce but : aider l’homme intérieur à se former lui-même et non à se battre contre le monde extérieur. »
L’Education et la paix, p. 133

http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9dagogie_Montessori
http://www.ibe.unesco.org/fileadmin/user_upload/archive/publications/ThinkersPdf/montessf.pdf


Ces questionnements sont-ils toujours d'actualité à ce jour ?




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